Les cryptomonnaies ont à peine plus de dix ans, mais elles semblent déjà avoir convaincu tout le monde. Aujourd’hui, même la banque centrale européenne et sa directrice, Christine Lagarde, s’y intéressent de près. L’objectif est de créer un crypto-euro sous la forme d’un stable coin, c’est-à-dire que sa valeur serait indexée sur celle de l’euro. On n’y est pas encore, mais le processus s’accélère et les conséquences économiques pourraient être importantes.
L’exemple encourageant des premiers stable coin
Ce qui a toujours effrayé les banques centrales et les investisseurs, c’est la volatilité des cryptomonnaies. Le bitcoin, la toute première monnaie de ce genre valait 10 000 € il y a neuf mois. Il a chuté à 3 000 € il y a six mois et vaut aujourd’hui à nouveau 10 000 €. Cette instabilité poserait de nombreux problèmes si ces cryptomonnaies étaient les seules dont nous disposions.
Résultat, le premier stable coin a été créé en 2014. Il s’appelle Tether et sa valeur est indexée sur celle du dollar américain. Peu importe la valeur de la monnaie des États-Unis, un Tether vaut toujours un dollar américain. Depuis, cette cryptomonnaie n’a jamais quitté le top 10 des cryptomonnaies les plus utilisées.
Quelques années après, un autre stable coin a été créé, le G-coin. Le principe est le même, sauf que cette cryptomonnaie est indexée sur la valeur de l’or. Aujourd’hui, la BCE s’applique sur ces deux exemples pour développer un euro virtuel qui serait indexé sur la valeur de l’euro classique.
Quel usage les particuliers pourraient-ils faire du crypto-euro ?
Pour les particuliers déjà habitués au paiement sans contact, l’arrivée d’une monnaie virtuelle officielle ne présente pas beaucoup d’intérêt de prime abord. En réalité, le plus grand intérêt de cette monnaie sera de permettre des transferts plus rapides et moins chers. Cela permettrait donc de gagner en confort, d’économiser de l’argent et de limiter les erreurs.
Pour les particuliers, cela permettrait aussi en théorie de bénéficier d’un anonymat complet sur les transactions de petites envergures. Néanmoins, cet aspect fait l’objet de débats puisque la BCE continuera à centraliser les flux de cette monnaie, ce qui n’est pas le cas sur une cryptomonnaie classique.
En réalité, l’apparition d’une nouvelle monnaie virtuelle officielle aura surtout un grand intérêt pour les particuliers qui dispose d’une formation de trading. Grâce à des plateformes en ligne accessible à tous, ils pourront générer facilement et rapidement de l’argent. L’euro virtuel sera indexé sur l’euro classique et il sera donc possible d’utiliser ses variations de valeur pour échanger rapidement les monnaies et dégager d’importants revenus quotidiens.
La BCE aurait été influencée par la Libra de Facebook
Pendant des années, la banque centrale européenne n’a rien voulu savoir au sujet des cryptomonnaies. Entre inquiétudes devant leur instabilité et mauvaise foi face à un changement inévitable, la BCE n’a pris que tardivement la pleine mesure de l’importance de ces monnaies virtuelles. Depuis, elle essaye de rattraper son retard.
L’élément déclencheur de ces recherches aurait été l’annonce du développement d’une monnaie virtuelle par Facebook. La Libra serait alors la première cryptomonnaie développée par une entreprise privée. Quand on considère que Facebook compte plus de deux milliards d’inscrits, que son chiffre d’affaires dépasse le PIB de beaucoup de pays, il ne lui manque plus qu’une monnaie pour avoir autant de pouvoir d’un État.
Le secteur privé s’intéresse aux monnaies virtuelles parce qu’elles lui permettent de prendre son indépendance vis-à-vis des banques. C’est sans doute ce mouvement qui a attiré l’attention de la BCE et l’a encouragé à reprendre une position centrale. Voilà pourquoi elle travaille aujourd’hui au développement d’une monnaie virtuelle indexée sur l’euro.
La Chine et les États-Unis travaillent aussi sur un projet de cryptomonnaies
Cependant, la BCE n’est pas la première infrastructure bancaire à s’intéresser aux cryptomonnaies et à se lancer dans le développement de la sienne. La Chine a été le premier pays à lancer des recherches sur la question, rapidement suivie par la banque fédérale des États-Unis. Depuis, les deux pays ont annoncé des avancées importantes.
Il est donc raisonnable d’imaginer que les cryptomonnaies gouvernementales officielles se multiplieront dans les années à venir. La décennie dans laquelle nous venons d’entrer sera alors sans doute celle de la disparition de la monnaie classique et de l’argent liquide. Une prévision qui ne plaît évidemment pas à tous et qui inquiète.
D’ailleurs, l’implication de la Chine et des États-Unis dans un tel projet à de quoi inquiéter. Les deux pays sont connus pour la surveillance massive de leur population, mais également pour des techniques économiques extrêmement agressives. Le tout souvent au mépris de l’environnement et des habitants de leurs états.
Des questions importantes au sujet de la vie privée
À l’origine, les cryptomonnaies offrent un service unique en son genre : une monnaie utilisable n’importe où dans le monde et de manière totalement décentralisée. C’est ce que l’on appelle la blockchain. Un fonctionnement qui permet à chaque utilisateur d’être garant de la valeur et de la qualité de la monnaie et qui permet de rendre parfaitement anonymes tous les échanges.
Les cryptomonnaies ont donc un potentiel bien plus large que celui qui leur est prêté par les banques. Il ne s’agit pas simplement de monnaies virtuelles qui accélèrent les échanges. Ces monnaies pourraient tout à fait, à terme, supprimer le monopole coûteux des banques et permettre aux échanges d’exister librement et de manière sécurisée sans être taxée ou surveillée par les banques et les états.
Le problème, c’est que le projet de la BCE va plutôt dans le sens inverse. L’objectif de la création d’une cryptomonnaie européenne est clairement de freiner la décentralisation des échanges. La banque centrale serait alors au milieu de tous les échanges en Europe et déferait encore davantage chaque État et chaque citoyen de son pouvoir et de son droit à la vie privée.
L’argent liquide va-t-il disparaître ?
La disparition de l’argent liquide semble inévitable. Les banques en rêvent depuis longtemps et la BCE aussi. Les choses semblent prendre la direction de cette suppression de l’argent liquide. Le processus prendra encore quelques années, mais il paraît désormais inéluctable.
En attendant, il est toujours obligatoire pour un commerçant d’accepter l’argent liquide. Même en pleine crise sanitaire, l’argent liquide ne peut pas être refusé et vous êtes en droit d’exiger que l’on accepte vos pièces et vos billets.