Les conditions d’octroi des prêts sont devenues si strictes, et les profits des banques si bas, que certaines banques sont désormais plus disposées à limiter le nombre d’emprunteurs. Selon nos informations, Société Générale et Crédit du Nord ont donc temporairement cessé d’accorder du crédit aux dossiers déposés par les courtiers qui apportent près de 40% des dossiers d’emprunts en France.
Le taux d’usure comme principal problème
Après des mois d’avertissement sur les problèmes liés au taux d’usure établi par la Banque de France, les courtiers en font dorénavant les frais. Plusieurs grands groupes bancaires ont simplement décidé de ne plus accepter leurs services.
C’est le cas par exemple de la Société Générale et du Crédit Nord (appartenant au même groupe), ainsi que de plusieurs Caisses régionales du Crédit Agricole, comme l’ont révélé Les Echos lundi soir. D’autres banques devraient leur emboîter le pas dans les semaines à venir.
Les banques ne vont pas arrêter leur octroi de crédit, seulement aucun des dossiers d’emprunts immobilier déposés par les courtiers ne seront acceptés pour une durée indéterminée. Concrètement, ces banques ne traîteront qu’avec leur client en direct.
Bien que cette situation devrait rester temporaire, c’est un tremblement de terre dans le secteur bancaire et du crédit immobilier. Le principal problème que cela soulève : le taux d’usure qui n’évolue pas assez vite et qui ne répond pas aux conditions réelles du marché et notamment des changements de politiques des banques centrales.
Actuellement, les taux moyens sont si proches des taux d’usure que les marges des banques sont extrêmement faibles. C’est pour cela que la Société Générale ainsi que le Crédit du Nord préfèrent limiter le nombre de crédits qu’elles vont accorder jusqu’à la révision du taux d’usure qui devrait intervenir début juillet.
Destiné à protéger les particuliers de conditions d’emprunt abusives, le taux d’usure, fixé chaque trimestre par la Banque de France, est relativement peu connu du grand public. Concrètement, aucune banque ne peut, tous frais compris, prêter à un taux supérieur à ce seuil calculé à partir des taux moyens accordés durant le dernier trimestre, augmentés de 30%. Pour le moment, il est fixé à seulement 2,40% pour les prêts immobiliers à taux fixe d’une durée égale ou supérieure à 20 ans. Sa prochaine mise à jour interviendra le 1er juillet.
L’accès au crédit devient quasiment impossible actuellement
Alors que les prix et le nombre de transactions ont atteint des records depuis le début de la pandémie de Covid, les emprunteurs se retrouvent désormais confrontés à un problème de plus en plus criant : l’accès au crédit.
En effet, les taux moyens pour emprunter ne cessent de remonter : après être descendus en décembre sous le plancher symbolique de 1% (pour les prêts à 20 ans) selon l’observatoire Crédit Logement, les voilà qui flirtent, voire dépassent dorénavant, la barre de 1,5%, rapportent de nombreux courtiers. La majorité d’entre eux table par ailleurs sur une poursuite inévitable des hausses de taux, qui pourraient ainsi atteindre 2% ou plus d’ici la fin de l’année 2022. Les conséquences sont claires pour les acheteurs : le coût du crédit va vraisemblablement – et sauf renversement imprévisible – exploser en l’espace d’une année.
“La Société générale continue de proposer des crédits à ses clients, en examinant leur situation personnelle au cas par cas”, se borne à communiquer l’établissement bancaire. La Société générale et le Crédit du Nord se refusent néanmoins à confirmer ou infirmer avoir suspendu la délivrance de crédit auprès des clients des courtiers.
Bien conscient du problème, le gouvernement avait récemment ouvert la voie à une révision du calcul du taux d’usure, mais sans détails précis. Peut-être que les banques ont décidé de faire en sorte d’accélérer le processus.